angie.jpgangie2.jpg

Ablation des ovaires: "Comme Angelina Jolie, 18 000 Françaises sont concernées"

         Deux ans après sa double mastectomie, l'actrice américaine vient d'annoncer avoir subi une double ablation préventive des ovaires et des trompes. Un choix radical qu'elle explique par le risque élevé de développer un cancer.En 2013, la révélation de sa double mastectomie avait créé une onde de choc. Deux ans plus tard, Angelina Jolie vient à nouveau de rendre public ce mardi dans le New York Times une double ablation préventive, cette fois de ses ovaires et des trompes de Fallope. 
        L'actrice américaine âgée de 39 ans explique avoir fait le choix de cette opération radicale parce qu'elle est porteuse d'un gène appelé BRCA1 qui l'expose à un risque accru de développer un cancer ovarien, maladie qui a emporté sa mère à l'âge de 56 ans. "Il n'est pas facile de prendre ce genre de décision", a reconnu Angelina Jolie. "Mais il est possible de prendre le contrôle et de s'attaquer à l'avance à un enjeu pour la santé. Vous pouvez demander des conseils, vous renseigner sur les options et faire les choix qui vous correspondent. Le savoir donne du pouvoir."  Cette décision radicale d'Angelina Jolie met en avant la question de prédisposition génétique. Etre porteur d'une mutation sur l'un de ces gènes (BRCA1 ou BRCA2) ne se traduit pas systématiquement par l'apparition d'un cancer, mais augmente le risque d'en développer un. Explications avec le professeur Dominique Stoppa-Lyonnet, onco-généticienne, chef du service de génétique à l'Institut Curie et professeur de génétique à l'Université Paris Descartes. 
        Angelina Jolie choisit à nouveau de médiatiser les ablations préventives qu'elle a subies. Est-ce une bonne chose? Je trouve que c'est important qu'elle libère la discussion. Son témoignage courageux va à nouveau susciter de nombreuses interrogations. Après l'annonce de sa double mastectomie préventive en 2013, nous avions noté un doublement du nombre de consultations en onco-génétique de femmes porteuses du gène BRCA1 ou BRCA2, facteurs de risque pour le cancer du sein, mais aussi des ovaires. Mais nous n'avons pas été débordés pour autant. De nombreuses femmes sont soit un peu inquiètes, soit très seules, ou dans une situation où elles ne veulent pas en parler, ni ne savent comment faire. Ce nouveau débat médiatique peut les pousser à sauter le pas et entamer une démarche de tests génétiques.
        Qui sont les femmes concernées par ces ovariectomies (ablation des ovaires, ndlr)? Celles qui sont porteuses du gène mutant BRCA1 ou BRCA2. Elles sont environ 18 000 concernées en France, âgées de 40 à 70 ans. Environ 10% des cancers de l'ovaire ont une cause génétique. Dans leur cas, l'ovariectomie est recommandée après 40 ans par l'Institut national du cancer, car il n'existe à ce jour aucune autre prévention, contrairement au cancer du sein par exemple. Le diagnostic est souvent tardif et les traitements lourds.Sont également concernées les patientes qui ont dans leur histoire familiale plusieurs cancers de l'ovaire. Car, même sans mutation génétique identifiée, elles restent considérées à risques. Aujourd'hui, un test génétique est proposé à toute femme souffrant d'un cancer de l'ovaire ou du sein avant de le proposer chez les femmes apparentées qui le souhaiteraient. Il est important de rappeler que ce n'est pas qu'une histoire de femmes car les hommes aussi peuvent transmettre ce gêne. 
        Mais cette décision lourde n'en reste-t-elle pas moins un choix individuel? Comme dans toute maladie ou traitement, c'est toujours un choix individuel propre à chacun. Tout patient est libre de faire ce qu'il veut. Après, le poids du discours médical pèse beaucoup dans cette décision. Il faut bien comprendre que pour les femmes concernées, la question n'est pas de savoir si elles veulent ou pas être opérées, mais à quel âge. Car la chirurgie préventive n'est pas sans conséquence. Elle induit une stérilité et une ménopause précoce et brutale.  Dans le cas d'Angelina Jolie, si elle avait choisi de ne pas se faire opérer, les chances de développer un cancer ovarien auraient été de 40%, contre 1% dans la population générale. Aujourd'hui, beaucoup d'efforts sont faits pour affiner ces probabilités en fonction de chaque patiente pour qu'elles puissent savoir exactement leurs risques d'être touchées. C'est une déception de la médecine prédictive, ce n'est évidemment pas satisfaisant de devoir en arriver à de telles opérations. Mais dans certains cas, c'est très utile. Après l'ablation, les risques de développer diminuent réellement.

source : L'Express   youtube
Joomla templates by a4joomla